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aide Page mise à jour le 16-08-2021 à 14:37
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Conte de Noël 2009

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Le premier noël du fils du renard


Tout essoufflé de sa fuite, il s’appuya sur la vieille porte du débarras, qui restait tenue par une chaine trop lâche, mais en forçant beaucoup le bois vermoulu s’écarta et en s’égratignant il se faufila pour dégringoler dans le vieil escalier jusqu’à la terre battue.

Il retint longtemps sa respiration, des rayons de lumière passaient dans le couloir, mais finirent par s’éloigner.

A la lueur d’un soupirail, il explora la pièce, des reliquats de meubles de chasubles, de prie-Dieu cassés, dans une male un crucifix et des soutanes moisies. Il faisait si froid, qu’il s’en recouvrit. Mais la rage était toujours la, sa colère repris vie en même temps qu’il reprenait son souffle. Prenant le crucifix comme une épée, il défia les ombres, et griffa la terre autour de lui. C’est quand il cru voir dans ses gribouillis la lourde silhouette du père la-mante qu’il retrouva toute sa hargne et poignarda le dessin de celui qui toujours les bras en prière et le regard en coin lui avait valu le surnom de la-mante aussi religieuse que l’insecte.

Calmé il prit la boite d’allumette volée cause de sa fuite et dans un recoin de la cave alluma un vieux reste de cierge. Renversée dans un nuage de poussière, la malle servit de refuge. Sa maison.

Il voulait dormir, mais choc de frayeur, deux yeux le regardait, était-ce le grand diable qui venait le chercher, dont mainte fois on l’avait menacé ? Il balbutia les prières mal apprises en tremblant de terreur. Il se cacha plus profondément dans les frusques. Mais le diable ne bougeait pas.

Peu à peu il finit par comprendre que le diable n’était que Lucifer, le chat, un gros matou sauvage tout juste toléré pour sa haine des rats, il avait du une fois encore se faire jeter des cuisines lui aussi.

Le chat méfiant ne s’approcha pas et resta dans l’ombre, deux yeux reflétant la bougie qui vacillait sous des courants d’air glacé venu on ne sait d’où. Epuisé d’émotions l’enfant somnolait peu à peu.

La bougie se consuma jusqu’à la racine et finit pas enflammer les vieilles hardes, mais l’enfant ne se réveilla pas tout de suite, c’est le miaulement de panique de Lucifer qui l’alerta. Dans les flammes, il suivit d’instinct la course de Lucifer qui connaissait par cœur des chemins secrets connus que de lui et de ses rats, sans savoir comment il se retrouva dehors surpris, giflé par le vent.

C’était la lande jusqu’à l’horizon, couverte de neige, derrière lui la muraille de la grande maison noire qu’il avait fui. Il courut longtemps jusqu’à ne plus jamais la voir. Heureusement que dans sa hâte il n’avait pas lâché la vieille soutane dont il se protégea, mais où aller…

-=o=-

L’homme voulait chasser le renard, il laissa son chien trop bruyant à la maison et parti à grands pas sur la lande. Ses grosses chaussures faisaient crisser une neige froide dure comme le métal. Elle ne glissait même pas. Il chercha des traces depuis longtemps, mais ? Cette tâche noire sur la lande n’était pas un renard, une bête tuée ? Peut-être même sa poule noire disparue…

Non juste un vieux chiffon emporté par le vent, d’ailleurs voilà que le vent le soulève encore, le chiffon se met à bouger. Non pas un chiffon ! Un enfant paniqué qui se sauve en courant sur la lande en le voyant s’approcher.

Surpris, il se mit à suivre les traces, « dire que je pensais chasser le renard » Songeait-il.

« Et non je ne me suis pas tout à fait trompé » car les traces avaient passé la crête et trouvé sous la dalle le grand trou où devait probablement venir nicher le goupil. Mais il s’agissait quand même d’un petit fauve, car il eut beau l’appeler le gosse restait terré dans sa cachette.

Malgré le froid, l’homme balaya une grosse pierre de sa neige et s’assit, tournant le dos au terrier en prenant soin de se mettre dans le vent du terrier. De sa besace il extrait son saucisson et commença à manger. Il laissa rouler une grosse tranche dans la neige derrière lui. Au bout d’un moment il vit que la tranche avait disparu. Il répéta le manège plusieurs fois sans jamais se retourner.

Le temps passait, «il est temps de rentrer :» bougonnât-il au vent qui passe, et il se mit en route. Un léger crissement signalait qu’une présence le suivait à distance.

- Alors ce renard dit la femme ?
- Il est derrière la porte
- Mort ?
- Non affamé et gelé mais très sauvage - Qu’est ce que tu me racontes là
- Va voir
La femme ouvrit la porte et voit dans la cour une silhouette d’enfant noir dans la neige.
- Les renards font des gosses maintenant ?
- Et toi ! En bien entre ou tu vas être pris par le gel.
L’enfant ne bougeait pas.
La femme rentra alors en laissant grand ouvert la porte à tous les vents, Elle sorti des bols et servis la soupe.

Par le grand trou noir de la porte ne passaient que des tourbillons de neige…

Mais il est des faims si tenaces que même le plus sauvage des renards se risque à affronter le molosse pour tenter de chiper une poule.

L’enfant était à la porte maintenant.
Couché le chien ! Ce n’est que le fils du renard.

Que d’odeurs merveilleuses, le chêne qui brulait, les jambons au plafond, les parfums de soupe chaude, celle du chien qui le surveillait du coin de l’œil docile à l’autorité de son maitre. L’odeur des bonnes herbes, celle du cuir bien graissé, celle de la lampe à pétrole.

Qu’elle était différente de cette odeur froide des vieux bois moisis, des enfants mal lavés, surchargés de parfums doucereux du mauvais encens répandu lors des messes quotidiennes.

L’enfant était entré maintenant et la femme alla calmement repousser la porte en se gardant bien de mettre le loquet. Elle prit un bol de soupe et alla le poser par terre à distance devant l’enfant qui ne bougea pas.

Elle s’assit à table:
- Dieu sait ce qui s’est passé pour qu’il soit ainsi.
Elle échangea un regard avec l’homme,
- As-tu vu qu’il y a eu un incendie à l’orphelinat ?
- Oui j’ai vu les lueurs.
- Tu crois que c’est lui ?
- Non ce ne sera jamais lui !

Silence.

Grattement à la porte
- Attends-tu de la visite ?
L’enfant gémit, va-ton venir le chercher ?
- Non
La porte mal fermée s’ouvrit et laissa passer le chat Lucifer, lui aussi avait suivi les parfums.
Le chien grogna un coup bref, vite réprimandé.
- Poli avec nos invités !
La femme referma la porte avec le loquet cette fois, le froid définitivement relégué dehors.

Rassuré par cette présence connue, l’enfant se leva et sans rien dire s’approcha de la table. L’homme écarta une chaise, lui faisant signe de s’asseoir à coté de lui.

Enfin l’enfant commença à manger, un peu, puis plus, puis il goutait à tout, le plus beau repas de sa vie, frénétique jusqu’à renverser son verre, mais pas de reproche, pas de prière, pas de paroles, juste la chaleur de la présence, être accueillis, ne plus être le sale gosse coupable de tous les péchés du monde.

Très tard malgré la bise, on entendit les échos d’une messe de minuit. Mais ce soir de Noël, la plus belle crèche était cet enfant endormi au coin d’un feu entre un brave homme qui fumait sa pipe et sa bonne femme qui chantonnait une berceuse, un chat sur les genoux et le chien rêvant au coin du feu.

Le fils du renard savait enfin que le père Noël existait.

Page écrite le 12/12/2010 - mise à jour le

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